samedi 26 janvier 2008

Passer une nuit en RDA

Puisqu'il a été question de l'Ostalgie cette semaine en cours, voici un extrait d'un article du Monde relatant l'ouverture d'un hôtel à Berlin dont le nom est éloquent: "Hôtel Design DDR". Comptez une cinquantaine d'euros la nuit, pour une chambre avec salle de bain commune...



oscou, La Havane, Pékin... les fuseaux horaires affichés à la réception de l'Ostel DDR Design Hostel (qu'on peut traduire par Hôtel Design RDA) donnent à croire que le mur de Berlin, à quelques mètres de là, n'est pas encore tombé. Les clients sont accueillis par le regard presque bienveillant de Horst Zimmermann : le portrait de feu le président du Parlement est-allemand est accroché au mur dans l'entrée.
 
Le papier peint, tout en figures géométriques et couleurs d'un autre âge, les lampes, les fauteuils, les armoires, les lits... tout dans cet hôtel bon marché installé dans un grand ensemble en béton d'époque est un modèle authentique de l'ex-Allemagne communiste. Sa proximité de plusieurs hauts lieux de la vie berlinoise contemporaine, comme la boîte de nuit Berghain, l'une des plus courues d'Europe, lui assure une clientèle plutôt jeune et curieuse, dans une capitale où toute l'histoire du XXe siècle se palpe presque à chaque coin de rue.

Les adeptes de la nostalgie de l'Est, l'« Ostalgie » comme l'appellent les Allemands, raffolent du lieu. Depuis son ouverture le 1er mai - pour la Fête internationale des travailleurs, souligne un des deux gérants, Daniel Helbig -, l'Ostel DDR Design Hostel affiche complet tous les week-ends. Pour Daniel Helbig, un enfant de Berlin-Est aujourd'hui âgé de 35 ans, « c'est comme un petit musée à toucher, à un moment où malheureusement sont détruits les uns après les autres les vestiges de l'histoire » de la République démocratique allemande (RDA), comme le Palais de la République, qui abritait le Parlement, et dont la carcasse gît encore.
« C'est stupide, affirme M. Helbig. On voit les choses de façon trop extrême en effaçant cette histoire. Il y avait la Stasi, la redoutable police secrète, bien sûr, mais des gens ont aussi passé du bon temps sous le communisme. » Ses clients profitent souvent de leur passage à Berlin pour visiter le mémorial de la Stasi au quartier de Hohenschönhausen ou bien pour faire un safari en Trabant, l'automobile est-allemande devenue un objet- culte.
Pour cet ancien funambule du cirque d'Etat, la RDA n'était pas forcément ce mauvais élève que la récente historiographie voudrait faire croire. Notamment en termes de design. Jusque dans les années 1970 et même 1980, les meubles est-allemands, souvent en bois massif saxon, étaient de bonne qualité et n'avaient rien à envier à leurs homologues de l'Ouest, dit M. Helbig.
« A l'époque, la RDA a même produit pour Ikea. Et exportait à Berlin-Ouest ! », se vante le gérant, homme à tout faire de l'hôtel situé à deux pas de la gare Ostbahnhof et de la plus longue relique du mur de Berlin, baptisée East Side Gallery. M. Helbig fait régulièrement les brocantes dans l'est du pays pour dénicher une commode, une étagère. Et il n'est pas peu fier d'avoir dans une chambre une lampe originale du foyer du Palais de la République.
L'hôtel offre toute une palette de chambres, des plus modestes en dortoir - pour rappeler les jeunesses communistes - aux appartements avec vue sur la Tour de la télévision, symbole s'il en est de Berlin-Est, jusqu'à la suite Wandlitz, du nom de la villégiature au nord de Berlin où les bonzes du régime avaient leur datcha. Elle portait le nom de suite Stasi jusqu'à peu, ce qui n'amusait pas les victimes et critiques du régime est-allemand - peu convaincus par l'Ostel de toute façon.
Par exemple, les portraits du dernier chef d'Etat est-allemand avant la réunification, Erich Honecker, qui trônent dans une dizaine de chambres font grincer des dents. « C'est comme si on accrochait dans une pension des portraits d'Hitler ou de Goebbels », peste Rainer Wagner, président de l'Union des associations de victimes de la répression communiste.

L'Ostel, en donnant une image d'un quotidien « petit-bourgeois », « banalise le système » dictatorial est-allemand, affirme ce pasteur de 56 ans, qui a réussi à s'échapper de la RDA en 1983 après avoir été prisonnier politique pendant près de deux ans. Et de rappeler : « Il ne faudrait pas oublier que la RDA comptait en permanence 20 000 détenus d'opinion. » - (Intérim.)

Pour compléter: allez consulter l'Atlas de la collection Autrement intitulé "A l'est du Mur. 1989-1999 : les Allemands de l'ex-RDA, leurs rêves, leurs désillusions ", disponible au CDI !!

Et bien sûr, pour vous imprégner de "l'époque RDA", regardez l'excellent film GoodBye Lenin ! 

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